mardi 24 avril 2007

Election présidentielle et politique étrangère

Les élections présidentielles, leurs surprises bonnes, ou mauvaises font partie depuis plusieurs mois du paysage médiatique français. Elections législatives suivant les présidentielles, en France, on vote tous les week-ends, et l’on suit les sondages sur ce que l’on a, ou l’on va voter le reste de la semaine.

Tous les regards braqués sur ce qui s’avère être le match de l’année, Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy, match, diraient certains, digne de nos plus belles finales de la Star Ac’. Il ne manque plus qu’à organiser les votes par textos et la ressemblance est parfaite. Dans le monde de la politique spectacle, l’on a rarement vu pire en Europe, mais il semble que le résultat y soit. Les candidats ayant choisi l’écran géant, le système son, digne des plus grand concerts et les affichettes, autocollants et tee-shirts multi coloris, s’en sortent mieux.

Au point de nous faire oublier, pour ceux qui le surent un jour, que l’enjeu même des présidentielles, n’est pas que d’élire un président uniquement pour la politique intérieure, mais aussi d’élire (et c’est une de ses fonctions première) un président qui puisse aligner la politique extérieure de la France en fonction des idées qu’il (ou elle ) défend.

Hors, la politique étrangère a été un thème quasi absent de toute la campagne présidentielle. Plus préoccupé à appâter les électeurs sur des sujets « ordinaires et quotidiens », le monde autour des frontières nationales s’efface des débats.
Et pourtant, l’on en peut que remarquer la position très claire de la majorité des français sur la guerre en Irak, position défendue (presque étonnamment) par le Ministre des Affaires Etrangères de l’époque. Tout comme le débat sur le conflit Israélo-palestinien, qui n’a jamais cessé, ou encore sur les positions de la Syrie et du Liban. Ne parlons même pas des politiques Américaines ou Russes, de la Tchétchénie et autres. Les français qui semblent si concernés par la politique étrangère, sont presque boudés par leurs candidats.

Car la politique étrangère est un sujet qui fâche. Déjà particulièrement délicat pour les membres du gouvernement, il devient intouchable pour les candidats à l’Elysée, qui se retrouvent piégés par leurs statuts « bâtards » ou par le manque d’informations. Et tout ceci bien sur, sans tenir compte de la puissance des lobbies et des gouvernements étrangers, capables de balayer en un clin d’œil, les apparitions des candidats à l’étranger quand elles ne vont pas dans le bon sens.

Bien sur des déductions peuvent surgir des quelques visites des candidats à l’étranger, ou évidement des quelques maigres paroles échangées entre deux couloirs.
Ainsi les candidats peinent à prendre position sur la situation palestinienne, de peur de perdre un électorat « juif » d’un part, mais aussi un électorat « étudiant » d’autre part.
Plus qu’à comptabiliser le nombre de juifs et le nombre d’étudiants, quelques sondages, et le tour est joué, l’on peut décider dans quel camp on est. (Bien que, en ce qui concerne N. Sarkozy la question ne se pose pas, la camp des Etats Unis fera l’affaire, même si ces derniers souhaitaient soudain, se placer du côté du Zimbabwe) . Et oui, la politique extérieure est un sujet qui fâche.

La peur de réactions qui pourraient être imputées à une prise de position, fait craindre le pire aux candidats. Candidats qui, des qu’ils seront élus, ne craindrons plus de prendre des décisions de politique étrangère, mais ce, sans l’accord de leur électorat, silence de campagne oblige.

Il ne faut cependant pas être aussi dur avec nos candidats. Le silence obséquieux sur les sujets internationaux ne signifie pas leur absence totale de volonté d’agir, bien au contraire. Ainsi nos candidats ont été unanimes à exprimer leurs intentions d’actions ou de soutiens d’actions pour le Darfour. Il est juste regrettable que la teneur exacte de ces actions soit aussi mystérieuse que le nom de la prochaine Miss France.

Tout comme il serait injuste de déduire de la poignée de main chaleureuse de Nicolas Sarkozy et George W. Bush, ainsi que de l’annonce de la durée de l’entretien, et de ses déclarations vantant le système américain, que le candidat UMP souhaite acquérir la sympathie des néo conservateurs et l’appui des lobbies etatsuniens, il serait tout aussi injuste de voir dans certaines déclarations de Ségolène Royal, une tentative de rapprochement avec la candidate Hillary Clinton. Bref, il ne faut surtout pas déduire qu’à gauche où à droite, la France deviendra un pays soutenant la politique américaine.

Après tout, aucun des candidats n’a fait de déclarations sur le sujet.
Tant mieux, cela aurait pu faire polémique.

mercredi 18 avril 2007

Virginia Tech

Difficile de faire l'impasse sur le massacre de Virginia Tech. Sur les pages web, dans les journaux, sur toutes les chaînes de télévisions, de multiples explications fusent de toutes parts. Brillants concours, du scoop de l'année à celui de la prochaine source d'inspiration pour film, le visage du jeune sud coréen s'affiche partout.

Les tentatives d'explications pleuvent. Entre la maladie mentale et l'éternel débat sur la possession et le ports d'armes à feu, la couverture médiatique et la position de la NRA, la boucle est bouclée. Toujours les mêmes discours, toujours les mêmes arguments, d'un côté comme de l'autre. Les articles et interviews se succèdent. On compte les morts.

La question de savoir de ce qui finalement touche le plus dans cette triste affaire, se pose tout de même. De tels débats ne sont pas soulevés pour toutes les tueries, pour tous les massacres. Bien loin derrière, les chiffres de victimes d'attentats en Irak, au Maroc et plus loin encore les victimes du Darfour, ne parviennent pas à s'imposer.

Ce qui touche le plus, dans notre société occidentale normocentrée, est probablement cette impression d'intrusion intempestive d'actes incompréhensibles dans une réalité familière. Virginia Tech, son campus, ses étudiants, qui ressemblent a s'y méprendre à ceux de la faculté la plus proche de chez nous. Dont les considérations, les loisirs, le style de vie semblent si proche. Les rues aux arbres bien alignés, ces maisons familiales, cet état si "occidental" en fin de compte. Et soudain, l'intrusion de l'incompréhensible, un retour du charme Lovecraftien pourraient dire certains avec ironie. L'impensable, ce que l'Occident bien pensant ne peut/veut comprendre.
La violence brute, directe, sans détour.

Il est pourtant possible de concevoir les victimes des attentats au Moyen Orient, en Afrique, ou en Asie. Mais probablement pas au même niveau. L'éloignement donne cette impression que les choses ne sont pas les mêmes que chez nous. Très indirectement, une vision ethnocentrée prend le relais. Pas par méchanceté, ni même par dédain, mais parce que les choses sont ainsi, diraient aussi les fatalistes. Nous concevons ces victimes, mais la catharsis ne s'enclenche pas ou peu.
Bien sur, la compassion existe probablement autant pour ces victimes, mais avec un recul très particulier, ou plutôt, un recul proportionnel à l'éloignement géographique et culturel.

Nous ne pouvons réellement comprendre que ce que nous pouvons envisager directement. Le Massacre de Virginia Tech est envisageable parce que dans un environnement proche du notre, avec des paramètres proches des nôtres.
L'Occident postmoderne parle à l'Occident postmoderne.

Et soudain le besoin de se sentir rassuré pointe le bout de son nez. Familier oui, mais sûrement pas identique, c'est certain. L'on commence le compte des différences, le jeu des sept erreurs où l'on ne s'arrête pas de compter après les avoir trouvées.
Le tueur était un malade mental. Il était en liberté alors que signalé. Premier point, l'on vient de trouver un responsable vivant, alors que le jeune homme incriminé est mort. L'on se rassure, le système médical est bien meilleur chez nous. Le jeune Cho Seung Hui possédait deux armes à feu. Chez nous, elles ne sont pas en libre circulation.
Il ne parlait que très peu, et était un marginal parmi les étudiants. Pas vraiment comme nous autres. Cet acte n'est pas celui de quelqu'un comme les autres, dans un contexte qui n'est pas le notre. Il y ressemble,c'est tout. En quelques article, nous voilà rassurés. Mots bienfaisant qui apaisent un début de réflexion, la faisant mourir dans l'oeuf par peur du douloureux résultat auquel elle aurait pu nous faire parvenir.

Car mettre le doigt sur les différences, permet surtout de ne pas mettre le doigt sur les points communs dérangeants, sur les communes difficultés sociétales évidentes.

En attendant la prochaine fois, évitons-nous la peine d'une réflexion de fond trop profonde.
L'hypocrite et inconsciente catharsis est trop inconstante pour être partagée par tous.

Spring Break, holding à l'Americaine

L’étudiant anglais, français, allemand ou espagnol ayant passé son week-end printanier à bûcher ses cours et polycopié chez ses parents, n’avait pour ainsi dire pas vraiment la tête à ça. Contrairement à son homologue américain qui semble pris d’une amnésie soudaine, quant à la teneur lexicale même du mot « examen », et qui empruntait à la même heure le 4X4, ou pick-up, ou bien encore cabriolet parental, pour fêter je ne sais quoi, avec ses camarades de fortune.
Car Pâques, pour l’étudiant américain n’a rien à voir avec la résurrection du Christ, avec la période pré examen, ou l’arrivée des vacances de printemps. Pour Jim, Bob, ou Pamela, Pâques c’est Spring Break, une Institution, une Tradition, un Incontournable de la vie étudiante. Ou si l’on en croit les photos, un incontournable des nostalgiques de la vie estudiantine, au vu de la présence digne et affairé du Président et Vice-président Américain sur les plages de Cancun l’année précédente. Une garantie de valeur morale des plus sures, nous en sommes surs, sous couvert d’ambiance générale des plus ensablées.

Aux Etats-Unis, le week-end pascal est, traditionnellement, l’occasion de ferias sexuelles, alcooliques et décérébrées. Des plages du Mexique à la Floride, en passant par les plages Californiennes, des lâchers de jeunes gens riches et à peu prés éduqués dans le puritanisme wasp et démocrate viennent parfaire le paysage de carte postale. Le challenge est rude pour être au niveau. Trois jours au pire pour dans un ordre précis : Boire de la bière ou des cocktails à même le tuyau d’arrosage, et ce, sans porter de vêtements pouvant être taché, élire la miss « maillot minimaliste », reprendre un verre/un seau d’une boisson non identifiée afin de tenir le coup jusqu’à l’élection de « miss populaire et sexy tee-shirt mouillé », avant de gagner une boite de nuit où, business américain aidant, ils seront présurés au nom de l’idéal fashion de l’amusement, par de riches financiers. Ces périodes pré examens dévoilent de jeunes américains décidant d’être aussi responsable avec leur argent et leur moralité qu’au choix, un troupeau de buffle en rut débarquant à Las Vegas, ou, leur propre gouvernement quant à la politique au Moyen Orient.

Trois jours pour faire n’importe quoi. Trois jours qui, au nom de la tradition américaine, ne porteront pas à conséquence, car tout sera pardonné. Du moins ce qui pourra être avoué, car alcool oblige, ils ne se souviendrons ni du prénom de leur/leurs partenaire/s, des endroits visités, et sûrement pas de la contradiction culturelle qu’ils s’acharnent à faire croître, et qui semble être particulièrement assumée.

Le hors champ social et moral quand il peut être observé, (ce qui sous entend, par quelqu’un de lucide et sensé, ce qui ne semble pas être la norme américaine en période pascale) montre de riches américains prônant en public, onze mois par an, une conduite morale et respectueuse des principes bibliques, avec une bonne dose d’hypocrisie latente assumé. Pendant ce Spring break, tout est permis, tout est encouragé, tout est amplifié, et les troupeaux estudiantins immatures en redemandent, heureux dans leurs efforts incommensurables de bêtise, d’être aux côtés de leurs idoles d’MTV ou des stars de People TV.

Ce qui ne semble à première vu, n’être qu’une gigantesque orgie globale, gommant temporairement les paradoxes communautaristes américains, dans une débauches de sexe et d’alcool, n’est finalement qu’un prétexte à amplification de ce même paradoxe. La fête se fait entre communauté, qu’elles soient sociales ou ethniques. Ne nous mélangeons pas trop, nos voisins font peur.

Plus qu’une fête estudiantine, permettant de se débarrasser du stress inhérent à de longues études et de la tension que peut provoquer l’idée d’examens sous forme de QCM, il s’agit surtout, pour les plus aisés, d’une concentration de jeunes gens consolidant leurs positions sociales et construisant habilement leurs futures carrières professionnelles ou politiques. Le tout sans prise de conscience, ou peut être sans intérêt, pour la masse d’étudiants n’ayant même pas la chance de pouvoir rêver, que ce ne soit que du mot week-end.

Le Spring Break ravive les tensions sous jacentes, d’une Amérique en proie à ses propres contradictions, à l’échec de ses modèles sociaux, mais le tout, sous une autre forme, celle de l’excellence, du style, de l’ambiance et du fashion des soirées organisées.
Un concours de position sociale, de communauté, de style de vie exacerbé, un combat digne des arènes, où il ne peut en fin de compte, n’en rester qu’un, celui qui se hissera assez haut, pour y demeurer longtemps. Un combat où les élites assurent leurs renouvellement par les élites, en écrasant sous de grands modèles stéréotypés les moins chanceux, ceux qui se perdront dans le méandre de la société américaine, ceux qui croient encore au Rêve Américain.


Hype Attitude

De la ménagère à l’employé de bureau en passant par l’étudiante et le chauffeur poids lourds, nul n’a le droit d’échapper à la contrainte de la « hype attitude ». Dans tous les magazines, sur tous les panneaux d’affichages, des débauches d’effet de style, de style de vie glacé et statique, affiché au gré des besoins de ventes.

Car la « Hype attitude » est un style de vie paraît-il. On est Hype ou l’on ne l’est pas très cher, il n’y a pas de juste milieu. Du réveil au coucher, la « hype attitude » est plus codifiée que les façons de manger le poison de rivière dans un restaurant cinq étoiles quand nous avons l’honneur d’être assis à côté d’un comte ou baron. Un véritable challenge de vie aux règles strictes qui, sous couvert d’une attitude faussement naturelle, permet de faire partie de l’élite people ou pas. Car bien sûr, les rédacteurs et publicistes en sont certains, être hype, est ce qui fait rêver toute personne sensée, ayant les moyens suffisant pour acheter frénétiquement magazines people, ou produits à renforts marketing.

Être hype est difficile, les règles strictes à appliquer varient d’heures en heures et le gymkhana est constant. Mais ce gymkhana fait partie de la « hype attitude ». Magazines people à l’appui, analyse complète du look des stars et des commentaires typographiés en gras et couleurs vives. Car être hype nécessite de s’infliger les pires maux, y compris la lecture de détails sordides sur la vie de parfaits inconnus, relevés par de petits commentaires cyniques et au ton désabusé savamment calculé, par les lecteurs chevronnés, sur l’absurdité de telles lectures quand le ticket caisse justifiant l’achat dépasse encore de la poche.

Car il faut être hype, il faut être dans le ton. D’ailleurs cette évidence transcende les foules au point que nos très chers rédacteurs-publicistes se voient dans l’obligation d’en rajouter encore et toujours, afin de nous contenter, of corse. Ils créent la demande en inondant d’offres, créant le prochain courant qui boostera leurs ventes. Un combat de ce qui sera à la mode, de ce qui créera l’événement de la semaine, du mois, de la saison.

Ainsi il faut connaître les règles. Paris Hilton et Britney Spears s’affichent sans sous vêtements ? Action-Réaction, il faut s’afficher en tenue complète de décontamination. Car Spears et Hilton ne sont plus Hype. Contrairement aux clubs que la jeune héritière fréquente. Car elle tente désespérément de rester hype. Donc s’afficher aux bons endroits est essentiel, tout comme choisir ses fréquentations et ses goûts du moment.

D’ailleurs à bien y réfléchir, qui nous oriente sur ce qu’il faut écouter, voir, porter, ou bien aller ? Et bien étonnamment, les personnes proposant ces produits. Car être vraiment Hype, c’est vivre du Hype. Mais bizarrement, nulle mention de cela dans les nombreux médias qui vendent du hype-plastique-attitude. Achetez, vous descendez leurs temps d’attente dans les restaurants et clubs VIP…

Bien sûr pour être vraiment hype, il faut la touche rebelle. Mes chaussures sont hors de prix et au top de la mode, mais j’y ai collé un autocollant acheté sur le marché de mon quartier, plus qu’à rajouter la touche désinvolte et arrogante et vous êtes sur la voie.

Car finalement être hype c’est être dans le mouvement en le créant, misanthrope aimant la société, fashion victim alter mondialiste, le tout, en public, faites ce que vous voulez en privé, l’important c’est que vous consommiez. Tous les appâts sont bons, du sexe aux causes humanitaires, en passant par des photos chocs et les commentaires orientés, tout est bon pour que la masse de consommateurs ne s’identifie pas comme telle, mais comme un témoin-acteur privilégié.

Les excuses sont même fournies à ceux qui, trop lucides, pourraient s’en rendre compte. Peut-on vraiment échapper à tout cela ? Si le monde marche ainsi autant aller dans le sens du vent. Pourquoi chercher du vrai alors que le vraisemblable fait mieux vendre ? Quel mal y a t’il à lire les news people, le reste est bien trop déprimant…

Très probablement. Je me garderais bien de donner mon avis, l’on pourrait croire que c’est « la » touche rebelle. Mais si je peux me permettre, il reste encore plusieurs pages à dévorer, et après la fin de lecture, je ne saurais que trop vous conseiller une demi-heure détente sur Second Life, avec un Macintosh, c’est très Hype.