mercredi 18 avril 2007

Hype Attitude

De la ménagère à l’employé de bureau en passant par l’étudiante et le chauffeur poids lourds, nul n’a le droit d’échapper à la contrainte de la « hype attitude ». Dans tous les magazines, sur tous les panneaux d’affichages, des débauches d’effet de style, de style de vie glacé et statique, affiché au gré des besoins de ventes.

Car la « Hype attitude » est un style de vie paraît-il. On est Hype ou l’on ne l’est pas très cher, il n’y a pas de juste milieu. Du réveil au coucher, la « hype attitude » est plus codifiée que les façons de manger le poison de rivière dans un restaurant cinq étoiles quand nous avons l’honneur d’être assis à côté d’un comte ou baron. Un véritable challenge de vie aux règles strictes qui, sous couvert d’une attitude faussement naturelle, permet de faire partie de l’élite people ou pas. Car bien sûr, les rédacteurs et publicistes en sont certains, être hype, est ce qui fait rêver toute personne sensée, ayant les moyens suffisant pour acheter frénétiquement magazines people, ou produits à renforts marketing.

Être hype est difficile, les règles strictes à appliquer varient d’heures en heures et le gymkhana est constant. Mais ce gymkhana fait partie de la « hype attitude ». Magazines people à l’appui, analyse complète du look des stars et des commentaires typographiés en gras et couleurs vives. Car être hype nécessite de s’infliger les pires maux, y compris la lecture de détails sordides sur la vie de parfaits inconnus, relevés par de petits commentaires cyniques et au ton désabusé savamment calculé, par les lecteurs chevronnés, sur l’absurdité de telles lectures quand le ticket caisse justifiant l’achat dépasse encore de la poche.

Car il faut être hype, il faut être dans le ton. D’ailleurs cette évidence transcende les foules au point que nos très chers rédacteurs-publicistes se voient dans l’obligation d’en rajouter encore et toujours, afin de nous contenter, of corse. Ils créent la demande en inondant d’offres, créant le prochain courant qui boostera leurs ventes. Un combat de ce qui sera à la mode, de ce qui créera l’événement de la semaine, du mois, de la saison.

Ainsi il faut connaître les règles. Paris Hilton et Britney Spears s’affichent sans sous vêtements ? Action-Réaction, il faut s’afficher en tenue complète de décontamination. Car Spears et Hilton ne sont plus Hype. Contrairement aux clubs que la jeune héritière fréquente. Car elle tente désespérément de rester hype. Donc s’afficher aux bons endroits est essentiel, tout comme choisir ses fréquentations et ses goûts du moment.

D’ailleurs à bien y réfléchir, qui nous oriente sur ce qu’il faut écouter, voir, porter, ou bien aller ? Et bien étonnamment, les personnes proposant ces produits. Car être vraiment Hype, c’est vivre du Hype. Mais bizarrement, nulle mention de cela dans les nombreux médias qui vendent du hype-plastique-attitude. Achetez, vous descendez leurs temps d’attente dans les restaurants et clubs VIP…

Bien sûr pour être vraiment hype, il faut la touche rebelle. Mes chaussures sont hors de prix et au top de la mode, mais j’y ai collé un autocollant acheté sur le marché de mon quartier, plus qu’à rajouter la touche désinvolte et arrogante et vous êtes sur la voie.

Car finalement être hype c’est être dans le mouvement en le créant, misanthrope aimant la société, fashion victim alter mondialiste, le tout, en public, faites ce que vous voulez en privé, l’important c’est que vous consommiez. Tous les appâts sont bons, du sexe aux causes humanitaires, en passant par des photos chocs et les commentaires orientés, tout est bon pour que la masse de consommateurs ne s’identifie pas comme telle, mais comme un témoin-acteur privilégié.

Les excuses sont même fournies à ceux qui, trop lucides, pourraient s’en rendre compte. Peut-on vraiment échapper à tout cela ? Si le monde marche ainsi autant aller dans le sens du vent. Pourquoi chercher du vrai alors que le vraisemblable fait mieux vendre ? Quel mal y a t’il à lire les news people, le reste est bien trop déprimant…

Très probablement. Je me garderais bien de donner mon avis, l’on pourrait croire que c’est « la » touche rebelle. Mais si je peux me permettre, il reste encore plusieurs pages à dévorer, et après la fin de lecture, je ne saurais que trop vous conseiller une demi-heure détente sur Second Life, avec un Macintosh, c’est très Hype.

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